Agriculture et environnement

Réduire les risques liés au recyclage des déchets électroniques au Ghana


Des chercheurs tentent de réduire les effets de la pollution toxique à Agbogbloshie, une décharge bien connue de déchets électroniques du monde entier.


Affiché par Brian Owens, le 17 septembre 2019

Des travailleurs du site de déchets électroniques d’Agbogbloshie à Accra brûlent des câbles d’ordinateurs pour récupérer le cuivre qui se trouve à l’intérieur. (Photo: Réseau GEOHealth d’Afrique de l’Ouest)

Au milieu d’Accra, la capitale du Ghana, se trouve Agbogbloshie, un des plus grands et des plus anciens sites de recyclage de déchets électroniques d’Afrique. Cette décharge de huit hectares accueille les vieux appareils électroniques d’Europe, des États-Unis, d’Inde et de Chine. Les travailleurs les démontent afin de récupérer et de recycler les parties réutilisables ou les métaux précieux, comme le cuivre des fils et des câbles.

Mais ce travail ne se déroule pas de façon sécuritaire dans les ateliers contrôlés d’un centre spécialisé de recyclage. Au lieu de cela, des travailleurs improvisés brûlent en plein air la gaine isolante de plastique des câbles pour en retirer le cuivre. C’est la méthode la plus rapide, la plus facile et la moins chère, qui rapporte de 15 à 20 $ ÉU par jour, ce qui est considéré comme un bon salaire. Mais la pollution ainsi engendrée est lourde de conséquences.

« Les travailleurs en tirent un bon revenu, mais ils ruinent leur santé », déclare Andrés Sánchez, spécialiste de programme principal au CRDI. La combustion du caoutchouc et du plastique dégage des fumées contenant des métaux lourds comme du plomb, du mercure et du chrome et libère dans l’air des substances chimiques dangereuses comme des dioxines. Et les travailleurs ne sont pas les seuls à en souffrir. Les quelque 40 000 personnes vivant près d’Agbogbloshie respirent elles aussi ces vapeurs nocives.

Pour mieux comprendre les effets de la pollution créée par Agbogbloshie, le CRDI collabore avec le  centre international Fogarty des National Institutes of Health des États-Unis pour établir, à Accra, une plaque tournante de la recherche et de la formation en santé environnementale et professionnelle (GEOHealth) en Afrique de l’Ouest, qui compte parmi les sept centres de recherche et de formation du monde que les deux organisations soutiennent par l’entremise de l’initiative Global Environmental and Occupational Health. Le Réseau GEOHealth d'Afrique de l’Ouest permet d’étayer les politiques et d’élaborer des solutions pour réduire les effets de la pollution, mais contribue aussi à étudier les risques pour la santé d’autres secteurs de l’économie informelle dans la région, notamment l’extraction d’or à petite échelle et le transport.

« Nous savons que le travail est dangereux, mais nous ne disposons d’aucune donnée sur les effets des différentes activités », explique Julius Fobil, professeur au département de santé professionnelle, environnementale et biologique de l’Université du Ghana, qui dirige le Réseau GEOHealth d’Afrique de l’Ouest.

Julius Fobil et ses collègues ont effectué des contrôles médicaux et analysé des échantillons de sang et d’urine pour mesurer le degré d’exposition des travailleurs aux produits chimiques et pour étudier les polluants qui provoquent des troubles pulmonaires et rénaux ou, à plus long terme, des maladies chroniques comme le cancer. Ils projettent également de s’intéresser à la façon dont la pollution touche la santé des enfants et des femmes enceintes qui vivent ou travaillent près d’Agbogbloshie. « Il s’agit d’un examen minutieux des risques et des effets sur la santé des travailleurs et de la collectivité », explique Andrés Sánchez.

Dre Afua Amoabeng prend la tension d’un homme participant à la recherche sur les effets sur la santé de la pollution produite au site de recyclage de déchets électroniques d’Agbogbloshie. (Photo : Emmanuel Acquah Baiden/Réseau GEOHealth d’Afrique de l’Ouest)

Julius Fobil explique que les travailleurs ignorent les risques pour la santé auxquels ils s’exposent. Pendant des années, les ONG les ont sensibilisés aux dangers de certaines pratiques de recyclage et leur ont fourni des équipements pour s’en protéger. Dans le cadre de ces projets, les consultations avec les travailleurs étaient la plupart du temps insuffisantes pour permettre de bien comprendre leurs besoins et le type d’équipement qu’ils utilisaient.

On leur a, par exemple, fourni des appareils permettant d’extraire la gaine isolante des fils de cuivre au lieu de la brûler, ce qui constituait une méthode beaucoup plus sécuritaire. Mais ces machines sont lentes à effectuer le travail et demandent plus de main-d’œuvre. Le rendement est donc trop faible pour séduire les travailleurs. L’adoption de méthodes dangereuses découle davantage de la nécessité que de l’ignorance. « Comme ces gens sont pauvres, ils préfèrent brûler les câbles car cela ne coûte rien, explique Julius Fobil. Ils ne profitent donc pas vraiment des interventions. »

Les chercheurs du Réseau GEOHealth d’Afrique de l’Ouest se concentrent sur les consultations avec les travailleurs afin d’élaborer des solutions de rechange qui permettraient de réduire l’exposition aux substances chimiques dangereuses. « Nous voulons aller sur place avec des ingénieurs pour trouver le genre de machine qui fonctionnerait bien avec ces travailleurs », déclare Julius Fobil.

L’usage accru des appareils électroniques dans le monde rend encore plus urgent la mise au point de méthodes de recyclage sûres et efficaces. «  La quantité de déchets électroniques augmente à un rythme accéléré, dit Andrès Sánchez. Le problème ne disparaîtra pas. Il nous faut des solutions pour mieux le gérer. »

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Ce billet fait partie d’une série d’articles qui porte sur des projets soutenus par le Centre de recherches pour le développement international et qui est présentée en partenariat avec Canadian Geographic. Un blogue par mois sera diffusé sur le site idrc.canadiangeographic.ca.

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