Une simple trousse améliore la vie des paysans cultivant les terrasses au Népal
L’introduction de nouvelles pratiques agricoles et de quelques outils simples et bon marché pourrait grandement alléger la tâche des paysans qui cultivent les terrasses du centre du Népal.
Affiché par Brian Banks le 16 août 2017

Les cultures en terrasses sur les pentes extrêmement abruptes des montagnes du centre du Népal off rent des paysages saisissants surtout à la saison des pluies, alors que la végétation est verdoyante et luxuriante. Pourtant, derrière cet aspect bucolique se cache une réalité moins plaisante : les millions de Népalais qui tirent leur subsistance de ces minuscules parcelles étagées sous les sommets de l’Himalaya livrent une lutte contre l’insécurité alimentaire, les catastrophes environnementales et la détresse physique. La détresse physique concerne particulièrement les filles et les femmes, qui eff ectuent la plupart des tâches, surtout les plus pénibles, et souff rent de façon disproportionnée de blessures et du manque d’autres possibilités.
Pour remédier à une telle situation, on pourrait croire à la nécessité d’opérer des changements drastiques. Pourtant une solution axée sur quelques nouvelles pratiques agronomiques de base, sur des outils simples et bon marché et des semences peu coûteuses semble faire ses preuves. Elle est mise en oeuvre dans le cadre d’un programme de trois ans et demi financé par le Centre de recherches pour le développement international et Aff aires mondiales Canada, par l’entremise du Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale. Ce programme est dirigé conjointement par Manish Raizada, professeur au Department of Plant Agriculture de l’Université de Guelph, et par une ONG népalaise appelée Local Initiatives for Biodiversity, Research and Development (LI-BIRD). Comme l’explique Manish Raizada, « les agriculteurs sont si résilients, qu’un peu d’aide ici et là leur suffit ».
Cette aide leur parvient sous forme de trousses d’agriculture durable, que ce professeur a élaborées, mises à l’essai et améliorées dans deux districts du centre du Népal en tandem avec LI-BIRD et sa filiale du secteur privé spécialisée dans les semences, Anamolbiu (qui signifie « graines précieuses » en népalais). Les trousses contiennent un menu de semences approuvées pour la région, des outils à faible coût comme un égrenoir à maïs et des gants de jardinage, et des livres illustrés expliquant des pratiques durables telles que la culture intercalaire et le désherbage. Chacun des foyers choisit parmi cet assortiment ce qui correspond à ses besoins. « Nous tentons de leur procurer un petit extra de production et donc quelques profits », déclare Manish Raizada.
Un exemple d’innovation est la nouvelle technique de plantation qui rend plus efficace l’utilisation des murets de terrasse. Par exemple, au lieu de planter les ignames dans le sol et de creuser à la main pour les récolter, on les plante dans des sacs disposés contre les murets. Les plants poussent le long des murets et on n’a pas besoin de creuser quand vient le temps de la récolte. « Il suffit de tourner le sac à l’envers », explique Manish Raizada.
Cette technique a connu un succès immédiat. Les avantages économiques d’une récolte plus facile et d’une utilisation plus intensive de l’espace ont permis à de nombreuses familles de gagner 200 $ de plus par saison, une somme énorme selon Manish Raizada.
L’égrenoir manuel – un cône creux de métal d’environ 2,50 $ – a également été fort bien accueilli. Traditionnellement, le maïs cultivé sur les terrasses était traité manuellement; soit on mettait dans un sac les épis secs et on les battait avec un bâton, soit on enlevait les grains à la main. Ces opérations, qui incombaient toujours aux filles et aux femmes, étaient non seulement difficiles physiquement mais endommageaient les récoltes. L’égrenoir facilite la tâche, abîme moins les grains et économise environ deux semaines de travail par famille par an.
Jusqu’à présent, l’égrenoir est le produit de la trousse le plus vendu : 11 000 au printemps 2017. Mais au-delà des chiff res se cache un autre avantage : selon Manish Raizada, les hommes et les garçons auront plus tendance à accomplir cette tâche maintenant qu’ils disposent de cet outil. Sa théorie : les hommes aiment les jouets. « Quand on introduit un outil ou une machine simple, ou encore un gadget, les hommes veulent s’en servir. Cela change les choses et c’est ce que nous recherchons : autonomiser les femmes afin qu’elles aient la possibilité de s’instruire et de travailler à l’extérieur. »
Comme le projet entre dans sa phase finale, les responsables s’eff orcent de prouver qu’il peut s’étendre à une plus grande région (on l’utilise déjà dans neuf districts du centre du Népal), qu’il peut être confié avec succès à Anamolbiu et qu’il peut être autosuffisant. « Nous estimons qu’à la fin du projet, en janvier 2018, nous aurons atteint quelque 200 000 personnes, ce qui représente 40 000 à 50 000 foyers », explique Manish Raizada.
Même si c’est déjà plus que les objectifs fixés au départ, le professeur pense que les eff ets les plus spectaculaires se feront sentir à long terme. « Je crois que, dans cinq ans, il sera fascinant de voir combien de personnes auront été touchées par ces changements et à quel point ces idées seront institutionnalisées. Est-ce que cela créera de nouvelles entreprises ? C’est ce que nous souhaitons : de nouvelles entreprises qui viendront dynamiser le secteur privé. »
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